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  • Yulia

Nouveau standard

Dernière mise à jour : 24 nov. 2022

« J’aimerais avoir les cheveux bouclés – lisses. »


C’est ma cousine de dix ans qui m’a adressé cette phrase il y a de cela quelques semaines. 

https://i.pinimg.com/originals/dd/89/66/dd89663523ee7d1b2ca8a1b5f019c06a.jpg

Et tandis que j’essayais de la convaincre que ses cheveux étaient parfaits tels qu’ils sont, je me suis rendue compte à quel point les boucles très définies, très lâches, sont devenues ce que le lisse était à notre génération: le nouveau standard de beauté.  


On peut le constater un peu partout, que ce soit dans les magazines ou sur les réseaux sociaux, les cheveux naturels sont à l’honneur, à condition qu’ils ne soient pas trop crépus, pas trop mousseux, et arborant une fibre lissée au maximum. 


Le mouvement nappy a permis à beaucoup de réaliser que leurs cheveux pouvaient bel et bien atteindre une certaine longueur, et que certaines manipulations, aidées des bons produits, leur permettaient d’avoir davantage de versatilité.


Ainsi, les twist-out, braid-out, tresses, ont été redécouvert par beaucoup (notamment sur la bloggosphère) comme des coiffures non seulement protectrices, mais surtout de mise en plis. 

 

La question ici n’est pas de remettre en cause l’utilité ou la beauté de ces coiffures, ni le désir que l’on puisse éprouver à changer de tête.


Le fait est que l’on intériorise beaucoup de choses, comme il avait pu être intériorisé par le passé que le lisse était la texture à avoir pour pouvoir être considéré.e comme beau.elle. 


D’ailleurs, au salon, quand les client.e.s viennent avec des photos pour illustrer leurs envies capillaires, ce sont dans la très grande majorité des cas des images qui représentent ces boucles très lâches. 


Et ce peu importe leur texture naturelle.


De l’importance de se documenter


Et la nature de nos cheveux dans tout ça ? La vraie nature, celle que l’on a en sortant de la douche et que l’on fait pousser nous-même ? 


Car quoi qu’on en pense, les cheveux crépus, les très très crépus même, sont tout aussi beaux que les autres. Et il existe assez de place sur le devant de la scène pour toutes les natures de cheveux. 

https://metalmagazine.eu/en/post/editorial/metal-no-39-story-16-ana-cuba

Il y a pourtant des idées reçues qui semblent persister malgré le mouvement nappy ambiant. Notamment celles qui font croire que la texture crépue est impossible à gérer, ou bien qu’elle fasse négligée. 


Alors même que c’est le manque de connaissance quant à leur entretien qui fait perdurer ces croyances, le fait de ne voir ces textures que rarement représentées (dans les médias, mais surtout dans nos rues) n’aide en rien l’image que l’on peut s’en faire.


Pourtant, des cheveux bien hydratés sont toujours plus ou moins facile à entretenir. 


De la place qu’on leur donne


La place que l’on donne à la chevelure des petites filles peut également être un facteur de frustration pour elles. 


Quand cette enfant de dix ans dit qu’elle voudrait avoir les cheveux plus en vagues que ce qu’elle a là, c’est non seulement parce que selon ce que la société lui renvoie ce serait plus appréciable, mais également parce qu’elle a le sentiment qu’elle serait plus libre en ayant les cheveux avec une texture plus « facile à gérer ».

https://www.instagram.com/p/BKwuaVnhds6/
https://www.instagram.com/p/BKwuaVnhds6/

Car la réalité c’est que les enfants n’aiment pas se faire coiffer. 


Et pour la majorité, ces longs moments de tressage, de lissage, de blow-out, les renvoient juste au fait que leurs cheveux sont une contrainte plutôt qu’un plaisir.


Alors c’est dans la manière d’aborder la question de la coiffure que l’on peut agir sur la représentation que les enfants ont de leur chevelure. 


Les laisser apprendre à apprécier et à prendre soin de leur texture naturelle assez tôt, de la manière la plus libre possible, pourrait raccourcir tout ce chemin d’acceptation de soi et de son corps que tout individu aura de toute façon à parcourir au cours de sa vie.


Dans une lettre qu’elle adresse à sa meilleure amie, fraîchement devenue mère, Chimamanda écrit :  


“En ce qui concerne sa coiffure, je suggère donc que tu redéfinisses ce qu’on entend par “soignée”. Une des raisons pour lesquelles les cheveux sont synonymes de souffrance pour tant de petites filles, c’est que les adultes sont déterminés à se conformer à une version de “soignée” qui se traduit par trop-serré, détruit-le-cuir-chevelu et file-la-migraine.


Il faut en finir avec ça. (...)


Laisse les cheveux de Chizalum libres : fais-lui des nattes épaisses ou de grosses tresses collées, et n’utilise pas ces peignes à dents serrées, qui n’ont pas été pensé pour notre texture de cheveux.


Et fais de ceci ta définition de “soignée”. Rends-toi à son école et va parler à l’administration si nécessaire, il suffit d’une personne pour faire changer les choses.”


https://www.ignant.com/2016/12/13/grant-thomass-beautiful-photography/
https://www.ignant.com/2016/12/13/grant-thomass-beautiful-photography/

Faire changer les choses afin d’apprendre aux enfants à se connaître et à reconnaître dès le plus jeune âge ce que la nature leur a donné, pour mieux le sublimer, et surtout, l’apprécier. 












- YH -

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